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  • Je prépare un Ironman. Je suis apparemment le premier suisse en chaise roulante à me lancer dans ce pari. J'ai envie de battre les valides sur leur propre terrain
    BRAVO ! Pari réussi en 7h01!
Easy eJect
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Témoignage :

Adolescent j'allais souvent dans un bar de Carouge avec mes amis, un bar tenu par une personne jeune en chaise roulante. Au début je me suis posé des questions, c'était la première fois que je côtoyais une personne en chaise, mais très vite je n'ai plus du tout vu sa chaise.

Le handicap, j'y ai souvent pensé. J'ai souvent pratiqué des sport extrêmes, tels que Inline (halfpipe) snowboard, saut à l'élastique, moto etc... J'ai toujours été un peu casse cou aussi alors le fait de finir en chaise ou même de mourir j'y avais pensé plusieurs fois. Mais je ne pensais pas que ca allait m'arriver, surtout pas en roulant tranquillement sur ma moto. Mais là je ne peux en dire plus, un procès pénal est encore en cours.
On connaît toujours les risques dans le haut niveau mais ça ne m'a jamais empêché de faire du sport, ça m'a juste forcé à être prudent.

De mon accident, je ne m'en souviens pas. Mon dernier souvenir est que je suis sorti du travail pour aller boire un verre avec des amis. Ensuite c'est le trou noir et je me suis réveillé sur un lit d'hôpital dans un sal état. On m'a dit par la suite que j'avais été percuté par une voiture et que je n'allais "probablement" plus remarcher.
Je n'en ai pris conscience que bien plus tard, quand j'ai enfin pu me lever. Je me suis alors rendu vraiment compte de ce que ça allait impliquer, de tous ce à quoi j'allais devoir renoncer. Ça a été le moment le plus difficile. Heureusement que j'ai pu compter sur ma famille et sur mon ex-petite amie...

J'ai d'abord été hospitalisé à Genève, à Beau-Séjour. C'était extrêmement difficile. J'étais dans un service avec des personnes âgées, malade et en fin de vie. Souvent des personnes qui ne voulaient plus lutter. J'avais l'impression d'être malade aussi, alors que je ne l'étais pas et que je n'avais envie que d'une chose, de vivre. Quand j'ai été transféré au SPZ Nottwil ça a été une renaissance. Le cadre dynamique, la jeunesse du personnel et leur compétence, la modernité des installations, tout ça a fait que j'ai à nouveau pu entrevoir un avenir. J'ai vraiment apprécié cet endroit.
Le fait d'être dans un milieu alémanique ne m'a pas dérangé. Au contraire, c'était une chance de pouvoir améliorer mon allemand et beaucoup de monde parlait français.

Je suis jeune avocat. J'étais déjà avocat avant mon accident. Ce que cet accident m'a permis en revanche de réaliser, c'est que j'aimais bien mon métier, mais que ça n'était pas ma passion. J'ai alors décidé de me focaliser sur d'autres choses, d'autres centres d'intérêts. Depuis mon accident, je me suis plus encore rendu compte de la fragilité de la Vie. Alors j'attache plus d'importance justement à ce qu'il y a en dehors du travail, à tout ce qui en fait le charme et la qualité.

En tant qu'handicapé, on est d'abord pénalisé involontairement par le fait que tous les lieux de travail ne sont pas accessibles. Ensuite c'est vrai que le regard des gens est différent pour une personne en chaise. On doit prouver deux fois plus de choses qu'une personne valide pour décrocher un poste vu qu'on part déjà avec un à priori négatif.

La vie en suisse avec un handicap n'est pas trop difficile. Mais c'est lorsque l'on compare avec d'autres pays que l'on se rend compte qu'il reste encore beaucoup à faire. Je compare essentiellement avec les États-Unis ou le nord de l'Italie où beaucoup de choses sont prévues pour nous, les handicapés, et dans tous les domaines. Mais la liste serait trop longue, impossible de tout de dire.

J'ai connu des gens formidables au cours de ma rééducation et après. Avec les gens en chaise on a un rapport bien particulier et ce sont souvent des gens d'un courage exemplaire. Les valides auraient beaucoup à apprendre d'eux. Mes amis ont tous répondu présents. Une seule personne m'a délibérément fuit. Sur le nombre cela ne représente rien.

L'incident avec EasyJet s'est déroulé de la manière suivante. Je suis parti à Berlin pour un marathon. Je partais seul. Je rejoignais une amie sur place. J'avais pris mon billet sur internet comme d'habitude et j'avais demandé l'assistance comme toujours. Arrivé au pied de l'avion, je me suis vu refuser d'embarquer parce que je n'étais pas accompagné. Une personne de Swissport m'a cependant trouvé une candidat volontaire parmi les autres passagers pour me servir d'accompagnant pendant le vol afin que je puisse embarquer. Je ne connaissais pas cette personne. Dans l'avion j'ai demandé à parler au commandant qui m'a dit que j'avais besoin d'un accompagnant qui puisse m'aider s'il fallait descendre de l'avion. Je lui ai alors expliqué que cet accompagnant n'allait pas forcément me venir en aide et qu'il ne pourrait très certainement pas me porter. Le même problème s'est posé au retour mais là c'était plus humiliant parce que j'ai dû moi-même chercher un accompagnant.
Outre l'atteinte à ma liberté individuelle et l'humiliation publique subie, il y a eu là un cas flagrant de discrimination liée au handicap sur la base d'une clause aussi aberrante que peu explicite. On nous apprend à être le plus autonome possible, c'est certainement pas pour être ainsi rabaissé au rôle de "boulet" ou "animal de compagnie" en public!

Je suis déjà allé au Chili avec Swiss, à New York aussi et à Paris. Je n'ai jamais rencontré de problèmes et le service était impeccable.
En comparaison, les trains SBB/CFF c'est bien aussi. Mais le seul gros souci c'est que pas toutes les gares ne sont équipées d'un monte-charge Mobilift, ni toutes les lignes, ni à toutes les heures. Ça reste quand même limité et ça demande une bonne organisation.
Que dit la législation européenne à ce propos?
L'article 1 chiffre 2 du Règlement (CE) N° 1107/2006 du Parlement européen concernant les droits des personnes handicapées et des personnes à mobilité réduite lorsqu'elles font des voyages aériens stipule clairement que «Avant d'enregistrer des réservations de personnes handicapées ou de personnes à mobilité réduite, les transporteurs aériens, leurs agents et les organisateurs de voyages devraient s'efforcer, dans la mesure du raisonnable, de vérifier s'il existe un motif de sécurité justifié qui empêcherait lesdites personnes d'être embarquées sur les vols concernés.»

L'article 3 précise encore qu'«un transporteur aérien ou son agent ou un organisateur de voyages ne peut refuser, pour cause de handicap ou de mobilité réduite d'embarquer une personne handicapée ou une personne à mobilité réduite dans un tel aéroport, si cette personne dispose d'un billet et d'une réservation valables.»

Enfin, l'article 6 point 1 précise que «Les transporteurs aériens, leurs agents et les organisateurs de voyages prennent toutes les mesures nécessaires pour la réception, à tous leurs points de vente sur le territoire des États membres auquel le traité s'applique, y compris la vente par téléphone et par l'internet, des notifications de besoin d'assistance émanant des personnes handicapées ou des personnes à mobilité réduite.»

Toutefois, l'article 4 ouvre la porte à quelques exceptions: «un transporteur aérien, son agent ou un organisateur de voyages peut, pour cause de handicap ou de mobilité réduite, refuser d'accepter une réservation pour une personne handicapée ou pour une personne à mobilité réduite ou refuser d'embarquer cette personne. (...) Dans des conditions identiques à celles énoncées (précédemment), un transporteur aérien ou son agent ou un organisateur de voyages peut exiger qu'une personne handicapée ou une personne à mobilité réduite se fasse accompagner par une autre personne capable de lui fournir l'assistance qu'elle requiert.»

Cela revient à dire qu'un transporteur peu resectueux ou un agent malintentionné, sous prétexte de sécurité, peut se permettre librement de refuser un voyageur handicapé sous motif qu'il n'est pas convenablement accompagné à son goût! Que devient alors la clause 6 de transmission des informations? Est-ce qu'un voyageur inscrit comme voyageant seul et qui s'est enregistré comme tel peut encore être refusé par un agent sachant que la clause de transmission et l'acceptation de la vente du billet sous-tend une acceptation tacite de la part de la compagnie et donc de tous ses représentants?

Pour conclure, l'article 16 précise que «Les États membres déterminent le régime des sanctions applicables aux violations du présent règlement et prennent toute mesure nécessaire pour assurer la mise en oeuvre de ce régime. Les sanctions ainsi prévues doivent être efficaces, proportionnées et dissuasives.» Mais qu'en sera-t-il dans cette affaire? La compagnie sera-t-elle réellement sanctionnée de n'avoir pas respecté les droits d'un voyageur handicapé?

Rappelons que selon l'article 1 chiffre 16 «Il importe qu'une personne handicapée ou une personne à mobilité réduite qui estime que le présent règlement a été enfreint puisse porter la question à l'attention de l'entité gestionnaire de l'aéroport ou à celle du transporteur aérien concerné, selon le cas. Si elle n'obtient pas satisfaction de cette manière, elle devrait avoir la possibilité de porter plainte auprès de l'organisme ou des organismes désignés à cet effet par l'État membre concerné.»
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